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Accident sadomasochiste, ou assassinat par jalousie ?

Ce 2 mars 2001, vers 22 heures, les policiers poussent la porte d’une maison en brique rouge du vieux Lille et butent sur le cadavre d’une jolie jeune femme aux cheveux auburn en tenue de soubrette, allongée sur le dos, la jupe de laine noire relevée jusqu’à la taille, le soutien-gorge blanc remonté au-dessus des seins. Des liens ont laissé des traces sur ses chevilles et son cou. Les enquêteurs fouillent le lieu du crime. Dans la cave voûtée, un rideau de couleur pourpre masque un décor de boîte de nuit très spécial. Devant le bar trônent deux tabourets surmontés de godemichés. Au milieu de la scène est installée une croix de saint André avec des menottes au bout des branches. Aux murs, des cravaches, des cordes, des cagoules et des anneaux. Au fond, deux geôles fermées par des grilles. Au grenier, une table d’élongation, des engins de toutes tailles et des dizaines de polaroïd qui trahissent des pratiques sadomasochistes. René B., le maître des lieux (où personne n’habite en permanence), est un riche industriel du Nord. Avec Marie-Thérèse Samyn, sa maîtresse de longue date, il accompagne les policiers dans leur visite. L’homme explique qu’il a découvert le corps attaché d’Yveline G., 31 ans, puis qu’il a filé chez Marie-Thérèse Samyn pour l’avertir du meurtre d’Yveline. Ils se sont rendus dans la maison, au 5 de la rue Benvignat, puis ont appelé la police. Placé en garde à vue, le couple explique sa relation particulière et ancienne : elle est «soumise» à ce «maître» depuis plus de vingt-cinq ans. Ils n’habitent pas ensemble. Ils se vouvoient. «Gage pour celui qui perd» Depuis 1994, René B., 68 ans, entretient une relation parallèle semblable avec Yveline G. Ce soir-là, René B. l’a attendue en vain chez lui, avec des huîtres pour le dîner. Il l’a cherchée jusqu’au «donjon», où il l’a retrouvée ficelée et morte. Les soupçons convergent au départ vers René B. Pas sur la femme de 57 ans aux airs de ménagère passe-partout. Mais l’homme avance un solide alibi. Il n’a pas pu se trouver sur les lieux du crime. Les enquêteurs le relâchent et se concentrent sur la dame. Elle n’a peut-être pas le profil, mais, dans son sac à main, ils découvrent les clés de la voiture et… la petite culotte de la victime. L’ancienne «esclave», devenue dominatrice de la «petite», finit par avouer qu’elle a bien eu un rendez-vous avec Yveline G. Tout a commencé quelques jours plus tôt avec René et Yveline lors d’une partie de rami à trois. «Comme d’habitude, Yveline a essayé de tirer ce jeu de cartes un peu anodin vers quelque chose de plus sulfureux. Elle a demandé s’il y avait des gages pour celui qui perd», rapporte le psychiatre Gérard Dubret, chargé de l’expertise de Marie-Thérèse Samyn. «Mme Samyn explique qu’une fois qu’ils ont décidé qu’il y aurait des gages, elle s’est arrangée pour perdre. Et une fois qu’elle avait perdu, elle a réclamé sa punition.» Marie-Thérèse la convoque rue Benvignat en tenue de soubrette, pour lui infliger sa punition. Les deux femmes se caressent dans la chambre. Le 4 mars 2001 à 9 h 15, Mme Samyn avoue la suite aux policiers : «Elle voulait que je m’occupe d’elle. Je me suis relevée pour la fouetter, elle voulait être attachée. Je suis montée chercher des cordes pour lui faire des dessins sur son corps. Yveline m’a dit que la corde était serrée autour du cou mais que ça allait. Je l’ai laissée un moment, ça fait partie du jeu avec la "soumise", et je suis descendue boire. Dix minutes, peut-être. Quand je suis remontée, son visage était bleu, elle restait immobile. J’ai essayé de desserrer les liens, mais elle a glissé et fait un roulé-boulé dans l’escalier. Je me suis affolée.» Elle ferme la porte à double tour et s’en va : «Je regrette ce qui s’est produit, je me suis trompée en nouant la corde. Il s’agit d’une inattention lors d’un jeu sexuel.» Un accident donc. Le juge, qui n’a pas la même perception des faits, la met en examen pour «homicide volontaire avec préméditation», un assassinat par jalousie. Fille de docker, Marie-Thérèse Samyn a épousé à 20 ans un représentant de l’entreprise de jus de fruits dirigée par René B. La mort de son mari, dix ans plus tard dans un accident de moto, la laisse seule avec trois petites filles. Le patron providentiel va aider la veuve et les orphelines. «René B. a été l’homme qui lui a permis d’élever ses enfants dans des conditions de confort qu’elle n’aurait pas eues», dit son avocate Blandine Lejeune. Puis, le «prince charmant» devient son «maître». Selon le psychiatre Gérard Dubret, «si elle n’avait pas accepté ces pratiques sadomasochistes, il y aurait eu rupture. Elle le décrit comme une sorte de concession». D’après le Dr Daudy, psychologue, elle y consent parce que «c’est pour lui tout naturel que les gens fassent comme il le désire, lui. Mais il ne le fait pas dans un but d’humilier, il le fait parce que tel est son arrangement et son bon plaisir. Si on l’aime, on s’y soumet, et c’est ce que Mme Samyn a fait». En bonne esclave, elle se plie à tous ses fantasmes. Elle se sent fière de le suivre les yeux bandés dans ces soirées où «maître Michel», pour les intimes, la livre à d’autres hommes. Marie-Thérèse accepte de ne partager ni la vie ni le lit de René B., mais après les coups de cravache et les pénétrations violentes quête «un câlin», «une caresse» ou une attention. Ainsi note-t-elle dans une lettre à son maître une fin de soirée où, «chose extrêmement rare, [elle a] eu le droit de rester un moment dans [son] lit». «Frustrée, abandonnée» En 1990, René B. achète le numéro 5 de la rue Benvignat. Il en est le propriétaire à 99 %, elle, à 1 %. Ils reçoivent un «cercle intime» d’hommes et de femmes aisés, triés sur le volet. Quand Yveline G. entre dans le «cercle» en 1993, Marie-Thérèse troque sa tenue de soubrette pour celle de dominatrice de la jeune femme. Yveline est belle et fraîche. Elle n’a que 22 ans. Le patron n’est pas allé la chercher bien loin. Elle est la demi-sœur de son directeur adjoint. Elle «prend une place particulière», selon le Dr Daudy, «par rapport aux partenaires de rencontre. Cette jeune fille va rester et va avoir une relation sexuelle privée avec B. Elle devient sa maîtresse». Pour Me Jean-Louis Pelletier, défenseur de Marie-Thérèse Samyn, sa «cliente a parfaitement compris qu’on l’évinçait». René B. tombe amoureux d’Yveline, aime aussi Marie-Thérèse, mais «différemment». Détrônée, la «soumise» de la première heure doit partager les faveurs du «maître» : «C’est évident qu’elle est jalouse et qu’elle a peur», dit la psychologue. Une lettre (1) qu’elle a écrite à René B. en 1994 le montre : «Au fond de moi-même, je suis toujours votre esclave. La première fois que j’ai vu Yveline et qu’elle vous a appelé "mon maître", j’ai ressenti une douleur morale terrible.» Elle ne supporte pas les attentions de René B. pour sa rivale : «Vous êtes parti la reconduire et vous êtes rentré directement. Je me suis retrouvée seule, déboussolée. Je n’avais eu droit ni à un mot ni à un geste ou une caresse de votre part», écrit-elle. Elle se sent «frustrée, abandonnée». Dans les jeux du trio, le «maître» trouve que Marie-Thérèse tape trop fort. Yveline pleure. Il essaie de calmer la plus ancienne, qui le prend mal : «C’était des petits coups que je donnais, mais vous avez cru que je mentais, écrit-elle. Chaque fois que Y. a eu une mauvaise réaction, vous m’avez culpabilisée.» Une autre «esclave», retrouvée par la police, «Duchesse», a écrit sur les étranges relations de ce trio : «Je ne comprends pas la petite qui est avec eux, elle souffre, elle ne jouit pas, elle pleure tout le temps. Ça fait vraiment papa et maman qui battent leur petite fille.» «Pour le plaisir des yeux» Le 1er juillet 2003, Marie-Thérèse Samyn, 59 ans, comparaît pour assassinat devant la cour d’assises du Nord à Douai. Cheveux presque ras sur une nuque épaisse, la «maîtresse» alourdie par les ans et la prison reste parfaitement calme. Appelé comme témoin, monsieur B. se camoufle derrière des lunettes de soleil et sous une casquette de golf. Six autres adeptes des soirées SM, informaticiens, chefs d’entreprise, ou professeurs, tous de la région parisienne, témoignent à ce procès, affublés de lunettes noires, de perruques ou de foulards, et filent à toutes jambes dès que c’est fini. A la barre, ces maîtres et esclaves consentants s’emploient à effacer toute violence des séances au «donjon» de B. et à les présenter comme des «mises en scène théâtrales», selon Me Florent Schultz, avocat de la victime. Ils utilisent les mêmes mots, lissés, aseptisés, pour décrire «ces moments de parfaite convivialité», «ces jeux érotiques très soft pratiqués pour le plaisir des yeux», «sous les lumières tamisées et bercés par une douce musique». L’avocat général, Jean-Marie Descamps, a du mal à croire que les geôles aménagées dans la cave et l’attirail moyenâgeux ne servaient qu’à faire «de la dentelle ou du crochet» entre adultes consentants. Les témoins expliquent aussi qu’Yveline était plus que demandeuse. Cet habitué âgé de 58 ans et ancien cadre en ressources humaines dit ainsi d’elle : «Yveline était une demoiselle très, très soumise. Elle avait des souhaits et des désirs qui allaient au-delà de nos soirées, une tendance à aller un peu loin. J’ai été impressionné par sa demande.» Cet autre adepte, 52 ans, gérant de sociétés : «Elle regrettait qu’on n’en faisait pas assez.» A son tour, monsieur B. tente de sauver son ancienne amante, qui, selon ses dires, ne considérait pas du tout sa jeune maîtresse, installée à demeure, comme une rivale. Il relaie la thèse du bondage qui a dérapé pour faire acquitter Marie-Thérèse Samyn. Me Jean-Louis Pelletier se demande si sa cliente a pu «serrer trop fort dans une espèce de spasme de jalousie», mais maintient qu’elle «n’a jamais eu l’intention de la tuer». A l’issue des débats, l’avocat général retient la volonté d’homicide, mais écarte la préméditation. Il réclame douze ans de réclusion. Mais le procès fit apparaître une accusée «elle-même victime», comme le souligne Me Schultz, «parce qu’elle avait été manipulée pendant des années par un amant sans scrupule. Ces relations triangulaires étaient perverses, néfastes, très sinistrogènes». Marie-Thérèse Samyn, la «soumise» par amour, qui risquait la perpétuité, a donc été condamnée à dix ans de prison. Parapluie Burberry assorti à la doublure de son imperméable, l’entrepreneur en rafraîchissements a quitté le palais de justice à la tête de sa cour d’esclaves et de maîtres : «Allez ! au bistrot ! Je vous paie un pot.» http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/303124.FR.php?rss=true&xtor=RSS-489 (1) Lettre reproduite dans Crimes de femmes d’Anne-Sophie Martin et Brigitte Vital-Durand (Flammarion).

 

Sam 23 avr 2011 Aucun commentaire